Paris-SANA/ Le Président de la République, M. Ahmad al-Charaa, a souligné la nécessité de lever les sanctions imposées à la Syrie à cause des pratiques du régime déchu, affirmant que leur maintien après sa chute est injustifiable, car elles constitueraient des sanctions contre le peuple syrien. Il a rappelé que la Syrie est confrontée à des défis considérables et que sa stabilité est liée à la stabilité économique, à la situation européenne et à la situation mondiale.
Lors d’une conférence de presse tenue mercredi avec son homologue français, Emmanuel Macron, à l’Élysée à Paris, le Président al-Charaa a fait : « Je remercie sincèrement Monsieur le Président et le peuple français pour l’accueil chaleureux des réfugiés syriens durant ces dernières années de guerre. Je remercie également le Président Macron pour son aimable invitation et son accueil chaleureux. Il ne s’agit pas d’une simple visite diplomatique, mais d’un moment de reconnaissance du droit du peuple syrien à l’autodétermination et de sa capacité à reconstruire ce qui a été détruit ».
Le Président al-Charaa a déclaré : « Aujourd’hui, j’ai discuté avec le Président Macron des moyens de faire progresser les relations entre la Syrie et la France sur des questions d’intérêt commun. Comme l’a souligné le Président Macron dans son discours, nous explorons des perspectives de coopération dans les domaines de la sécurité, de la reconstruction et du développement, ainsi que de la justice et de la responsabilité », soulignant que la sécurité et la stabilité de la Syrie sont essentielles à la stabilité de toute la région et du monde, car elle a été et continue d’être confrontée à de graves menaces de sécurité, et nous travaillons sans relâche pour y faire face. »
Le président al-Charaa a ajouté : « La sûreté des citoyens syriens est notre priorité absolue, et nous l’avons affirmé aujourd’hui au président Macron ».
Le président al-Charaa a poursuivi : « Ces derniers mois, nous avons été témoins d’événements tragiques fomentés par des éléments armés des restes du régime déchu, cherchant à semer le chaos et à attiser les conflits en exploitant la fragilité de la situation. Certains hommes armés ont exploité cette réalité pour semer le désordre, tandis que des médias trompeurs ont amplifié la dangerosité de la situation en fabriquant des récits déformés et empreints de violence politique ». Nous avons réagi rapidement, arrêté les contrevenants et formé deux comités : le premier pour enquêter sur les événements, le second pour rétablir la paix civile et communiquer avec les communautés touchées. Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a unanimement salué nos efforts et nous avons ouvert la voie à la commission d’enquête internationale, qui a salué notre pleine coopération ».
Le président al-Charaa a déclaré : « Nous avons discuté de la coopération dans la lutte contre les réseaux terroristes sur le territoire syrien. Concernant le trafic illicite de Captagon, par lequel le régime syrien a ravagé la région, nous avons démontré que nous sommes un partenaire sérieux dans la lutte contre la drogue. Nous avons également coopéré avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui s’est rendue en Syrie à plusieurs reprises et a apprécié la transparence de nos échanges et la facilitation de ses missions, affirmant notre engagement total à remédier à tous les effets de l’utilisation des armes dont nous avons été victimes ».
Le président al-Charaa a ajouté : « Nous avons également discuté de l’accord avec les Forces démocratiques syriennes (FDS), reconnaissant que la France coopère avec elles depuis un certain temps dans la lutte contre Daech. Nous avons également abordé la question des combattants étrangers français en Syrie et les prochaines étapes à cet égard. Nous avons évoqué la sécurité de nos frontières et les menaces israéliennes persistantes, Israël ayant bombardé la Syrie plus de vingt fois au cours de la seule semaine écoulée, ce qui a fait 4 morts civils et six autres blessés sous prétexte de protéger les minorités. Nous avons également évoqué la situation frontalière avec le Liban».
Et le président al-Charaa de poursuivre : « Nous avons hérité d’infrastructures syriennes dévastées et effondrées. Nombre d’entre vous ont vu des vidéos de Syriens rentrant chez eux pour la première fois depuis plus de dix ans, pour les retrouver en ruines. Il existe des localités volées, des villes sans électricité, des camps abritant deux millions de Syriens. Les barrages et les ponts doivent être réparés. La reconstruction est donc l’une de nos priorités absolues, et nous évaluons actuellement les besoins et nous avons discuté avec le président Macron de la contribution de la France aux efforts de reconstruction ».
Le président al-Charaa a indiqué que les sanctions contre la Syrie sont étroitement liées à l’Union européenne. “La Syrie n’est pas marginalisée aujourd’hui, et la stabilité sécuritaire est liée à la croissance économique. Ces défis sont entravés par les sanctions. Je me suis longuement entretenu avec le président Macron et nous lui avons expliqué les répercussions du maintien des sanctions contre la Syrie. Ces sanctions ont été imposées à l’ancien régime et, après sa chute, elles devront être levées. Rien ne justifie leur maintien, car il s’agira de sanctions contre le peuple, et non contre le régime qui a commis les massacres”, a-t-il fait savoir.
Le président al-Charaa a souligné que le président Macron l’a parfaitement compris. “Je crois que cette rencontre est de bon augure, car le président Macron va conjuguer les efforts pour lever les sanctions contre le peuple syrien », a précisé le président al-Charaa.
En réponse à une question sur les combattants étrangers, le président al-Charaa a déclaré : «Certains sont venus en Syrie pour aider les Syriens à combattre le régime criminel pendant la révolution bénie, et ils sont restés à nos côtés jusqu’à notre libération. Nous avons assuré tous les pays que ces combattants respectent le droit syrien et qu’ils ne constitueront une menace pour aucun pays. Quant à leur obtention de la nationalité syrienne, elle sera déterminée par la constitution, une fois celle-ci soit rédigée ».
Concernant les événements sur la côte syrienne, le président al-Charaa a confirmé que ceux qui les ont perpétrés étaient un groupe des vestiges de l’ancien régime, qui ont provoqué le massacre qui a eu lieu. « Nous avons formé deux comités, l’un pour préserver la paix civile et organiser des séances de réconciliation entre les peuples, et le second pour enquêter sur les faits, comprenant un groupe d’experts juridiques et d’enquêteurs d’élite. Nous avions fixé un délai d’un mois pour terminer leur travail, mais ils ont demandé une prolongation de six mois, et nous avons accepté un délai non renouvelable de trois mois. Ils doivent soumettre leur rapport à l’État avant la date indiquée”, a-t-il indiqué.
Le président al-Charaa a ajouté : « L’État s’engage à traduire en justice et à punir quiconque tue un civil ou porte atteinte aux biens, au sang ou à la vie d’autrui, conformément à la loi, quiconque, qu’ils soient affiliés ou non à l’État, ou qu’ils soient des vestiges du régime déchu. L’État porte la responsabilité de tout ce qui se passe actuellement en Syrie, mais seulement après avoir mené les enquêtes appropriées et déterminé les responsables de ces actes ».
Concernant le rôle de la Syrie dans la lutte contre le terrorisme, le président al-Charaa a affirmé la solidarité de la Syrie avec chaque victime d’actes terroristes, d’autant plus que la Syrie a été le pays le plus exposé au terrorisme à travers les pratiques du régime criminel, notamment les bombardements au baril et les armes chimiques. “Cela a forcé de nombreux Syriens à prendre la mer, où un grand nombre d’entre eux se sont noyés en route vers l’Europe pour échapper à cette terreur”, a fait savoir le président al-Charaa.
Le président al-Charaa a déclaré : « Nous n’avons aucun lien avec aucun acte criminel et nous ne le soutenons, en Europe ou ailleurs. Notre cible était le régime criminel, et nous avons mené nos opérations de combat pour libérer la Syrie avec honneur et intégrité. Nous avons vaincu l’état de pardon et de rémission, et le peuple syrien tout entier a été sauvé. Nous avons sauvé la région du terrorisme qui pesait lourdement sur les Syriens et la région, et qui avait atteint l’Europe, y compris la France. »
Concernant les informations véhiculées par les médias concernant les négociations avec Israël, le président al-Charaa a déclaré : « Des négociations indirectes sont menées par l’intermédiaire de médiateurs pour apaiser la situation et tenter de la contenir, afin d’éviter que les deux parties ne perdent le contrôle. Les interventions israéliennes sont aléatoires et violent l’accord de 1974. La nouvelle administration syrienne a affirmé à toutes les parties concernées son engagement à cet accord et a déclaré que les forces de la FNUOD devaient retourner sur la ligne de démarcation. Les dirigeants de ces forces se sont rendus à Damas à plusieurs reprises. Nous nous efforçons de communiquer avec tous les pays en contact avec Israël afin de faire pression sur lui pour qu’il cesse de s’ingérer dans les affaires syriennes, de violer l’espace aérien syrien et de bombarder son territoire ».
De son côté, le président français a déclaré : « Quatorze années de brutalité du régime d’Assad ont dévasté la Syrie, et sa chute a été un soulagement pour tous”.
Le président Macron a indiqué que ses discussions avec son homologue syrien avaient porté sur la question d’une transition pacifique, affirmant l’unité du territoire syrien et l’égalité des droits pour toutes les composantes du peuple syrien.
Il a souligné que la Syrie traverse actuellement une nouvelle phase, notamment dans les zones minoritaires, ce qui nécessite que les Syriens s’unissent pour parvenir à la paix et à la stabilité et réaliser toutes leurs aspirations.
Le président français a expliqué que la Syrie est confrontée à des défis importants et que la communauté internationale doit coopérer pour les surmonter. “La France continuera à soutenir le peuple syrien et à protéger sa sécurité et ses intérêts économiques”, a-t-il précisé.
Il a souligné que son pays aidera la Syrie à empêcher le renouvellement des sanctions européennes et à les lever progressivement, car la stabilité et l’unité de la Syrie sont vitales pour la sécurité de la France et de l’Europe.
Macron a appelé l’Administration américaine à lever ses sanctions contre la Syrie, car cela contribuerait à la reconstruction et faciliterait le retour des réfugiés.
Macron a salué les mesures prises par le président al-Charaa pour parvenir à un accord avec les Forces démocratiques syriennes et assurer la paix civile.
“Nous avons exprimé la disponibilité de la France à coopérer dans tous les domaines, y compris dans la lutte contre Daech, au bénéfice des deux pays. “Le président al-Charaa a affirmé sa détermination et son engagement à combattre tous les groupes terroristes qui menacent la Syrie et les pays voisins, ce qui est très important. Nous avons également évoqué les efforts de la Syrie pour éliminer les armes chimiques abandonnées par le régime d’Assad, ainsi que le commerce et la production de Captagon, qui avaient financé son économie”.
Il a souligné que les attaques israéliennes sur les territoires syriens constituent une mauvaise pratique et une violation de la souveraineté et de l’unité de la Syrie.
Le président Macron a émis l’espoir qu’un dialogue sera engagé avec Israël sur la sécurité, car l’approche adoptée par celui-ci est inacceptable. “Une nouvelle approche, fondée sur une coopération accrue, doit être adoptée. Nous parlons ici d’un processus d’ouverture en matière de négociations, car la Syrie est un pays très important pour la stabilité de la région “, a précisé le président français.
Macron a souligné qu’après une guerre sanglante en Syrie, le temps est venu pour régler la situation dans ce pays. ” Je vois un dirigeant en place qui a éliminé un régime brutal que nous avons combattu avec les Syriens, et qui est prêt à travailler pour construire un État souverain sur ses propres décisions, qui ne suit ni l’Iran ni personne d’autre et ne soutient pas le Hezbollah libanais. Les premières mesures ont donné des résultats clairs grâce au travail de lutte contre le parti à la frontière avec la Syrie et à la prévention de son réarmement”, a-t-il ajouté.
Le président Macron a enfin émis l’espoir que les années à venir seront bien meilleures que les précédentes pour l’avenir de la Syrie et de la France.
R.Fawaz et R.Bittar