New York – SANA / Le ministre des Affaires étrangères et des Expatriés, Asaad al-Chaibani, a affirmé la nécessité de lever immédiatement les sanctions imposées à la Syrie en raison des crimes de l’ancien régime.
« Les maintenir ne ferait qu’aggraver la souffrance des Syriens, aggraver la crise économique et entraver la capacité à établir les fondements nécessaires pour l’instauration d’une paix durable », affirmé al-Chaibani dans un discours prononcé hier devant l’Assemblée générale des Nations Unies à New York.
Al-Chaibani de poursuivre: « Notre chemin vers cette nouvelle phase en Syrie a été long et douloureux. Pendant plus de 54 ans, la Syrie a souffert de la tyrannie et de l’oppression, dans une époque où les voix ont été étouffées, les rêves tués et les ambitions éliminées, laissant de profondes cicatrices dans notre mémoire et des griefs profonds ».
Le ministre Al-Chaibani a souligné que l’incapacité à traiter les crimes passés, tant au niveau national qu’international, a permis aux germes du conflit de s’enraciner et d’augmenter, conduisant finalement à 14 années de répression brutale et de guerre.
Al-Chaibani a mis l’accent sur l’engagement total de la Syrie à la justice transitionnelle, non seulement pour demander des comptes aux responsables des erreurs et des péchés passés, mais aussi pour construire un système de gouvernance qui prévienne les conflits futurs avant qu’ils ne commencent.
« Pour atteindre cet objectif majeur, un organe de justice transitionnelle et un organe spécial seront créés pour examiner le sort de centaines de milliers de personnes disparues, en étroite coordination avec les mécanismes internationaux établis par l’Assemblée générale pour traiter cette question urgente », a-t-il précisé.
Il a averti que des motifs intentionnels et structurels pourraient replonger la Syrie dans le chaos s’ils ne sont pas été traités immédiatement, dont l’extrême pauvreté, l’insécurité alimentaire et la destruction des moyens de subsistance.
« Tous ces facteurs créent des conditions propices à la propagation des activités criminelles, de l’extrémisme et à la reprise des conflits armés. Lorsque des personnes perdent leur logement, leur emploi et l’espoir de reconstruire leur vie, la guerre devient une tragédie quasi inévitable. Par conséquent, prévenir les conflits exige non seulement une justice transitionnelle, mais aussi un redressement économique et une reconstruction », a martelé Chaibani.
Il a expliqué que les sanctions imposées à la Syrie à l’ancien régime affaiblissent la capacité du pays à prévenir de futurs conflits et entravent sa capacité à établir les fondements nécessaires pour parvenir à une paix durable, estimant qu’elles ont été imposées pour affaiblir le régime d’Assad, mais après sa chute, leur maintien est devenu un simple obstacle au rétablissement économique de la Syrie et au travail du nouveau gouvernement.
Le ministre des Affaires étrangères a souligné que sans la capacité de créer des emplois, de soutenir la reconstruction et de fournir des services de base, la Syrie risque de retomber dans le cycle du conflit armé, un conflit qui ne sera pas motivé par l’idéologie ou la politique, mais plutôt par le pur désespoir économique.
Il a ajouté que ceux qui persistent à imposer des sanctions aujourd’hui encore exacerbent eux-mêmes les griefs du passé. « Les sanctions continues entravent la capacité de l’État à payer les salaires, à transférer des fonds et à financer le programme de justice transitionnelle et limitent le travail des organisations de la société civile qui tentent de s’implanter en Syrie ou de transférer des fonds à leurs travailleurs sur le territoire syrien. Ils étouffent également l’activité commerciale légitime et ouvrent la voie à la prolifération de gangs criminels, de réseaux de commerce illicite et de groupes extrémistes », a-t-il dit.
Chaibani a fait savoir que si la prévention du conflit est notre objectif commun, nous devons lever immédiatement les sanctions qui entravent la stabilité de la Syrie.
« Par conséquent, au nom du peuple syrien, nous appelons l’Assemblée générale à soutenir notre demande de levée immédiate et sans délai de toutes les sanctions imposées sous le régime d’Assad. Leur maintien ne fera qu’accroître la souffrance des Syriens, aggraver la crise économique et, partant, perpétuer la violence et le conflit », a-t-il assuré
Il a fait savoir que la Syrie se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, après avoir pris des mesures décisives vers la stabilité. « Les prisonniers politiques qui avaient souffert dans les prisons du régime d’Assad ont été libérés, les institutions de l’État ont été préservées de l’effondrement, des dialogues nationaux ont été lancés, les portes du pays ont été ouvertes d’une manière sans précédent aux mécanismes des droits de l’homme de l’ONU, tels que le Mécanisme international, impartial et indépendant (IIIM) et la Mission d’établissement des faits (FICM), une coopération a été initiée avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour traiter les éventuels vestiges du programme d’armes chimiques de l’ancien régime, un gouvernement inclusif et global a été formé, les factions armées ont été unifiées sous une armée nationale unique et des accords historiques ont été conclus avec les dirigeants kurdes pour éviter tout conflit futur », a précisé le chef de la diplomatie syrienne.
« Lorsque les vestiges du régime d’Assad ont déclenché la violence à la côte, le gouvernement a agi rapidement, en formant des comités de paix civile et des équipes d’enquête. Tout cela a été reconnu par le Conseil des droits de l’homme dans une résolution unanime adoptée le mois dernier. Il fait tout ce qu’il peut pour prévenir les conflits, mais sans un réel soutien économique et politique pour empêcher l’escalade de nouvelles tensions, ses efforts risquent de s’effondrer en raison de facteurs opposants à sa volonté ».
Il a signalé que l’autre menace de la stabilité de la Syrie est l’agression continue et les attaques qui violent sa souveraineté.
« La nouvelle Syrie ne sera pas une source d’instabilité pour aucune partie de la région, y compris Israël. Toutefois, les attaques militaires répétées sur son territoire constituent une menace directe de la sécurité régionale, compromettent les efforts visant à instaurer la stabilité dans le pays et alimentent de nouvelles injustices qui pourraient conduire aux conflits plus vastes.
Il a expliqué que ces attaques, y compris les frappes aériennes et les incursions aux frontières, représentent une violation flagrante du droit international et menacent la stabilité non seulement en Syrie, mais dans toute la région, appelant l’Assemblée générale à affronter cette menace avant qu’elle ne conduise à une déstabilisation supplémentaire à long terme.
Le ministre Al-Chaibani a déclaré : « Ceux qui ont soutenu la Syrie dans ses moments les plus sombres, lorsque l’avenir était incertain et obscure, c’est vous, représentants de la communauté internationale, qui avez défendu la vérité et la justice. Aujourd’hui, alors que nous entrons dans un nouveau chapitre, nous vous demandons de continuer à avancer avec nous, non seulement vers la justice, mais aussi dans notre quête permanente de paix et de prévention des conflits, en levant les sanctions unilatérales qui sont devenues des vestiges du passé. »
Le ministre des Affaires étrangères a souligné que l’avenir de la Syrie ne devrait pas être défini par les tragédies du passé, mais plutôt par la réconciliation, la stabilité et un engagement ferme à empêcher le retour du conflit armé sur son territoire ou sur tout autre.
« La Syrie ne peut pas traverser cette phase seule. La prévention des conflits nécessite un soutien international, une coopération globale et une conviction commune selon laquelle une Syrie stable sert les intérêts de tous. Travaillons ensemble pour écrire le prochain chapitre de la Syrie, un chapitre de paix, de prospérité et de stabilité, un chapitre dans lequel il n’y aura pas de retour à la guerre. Travaillons ensemble et construisons un avenir dans lequel les cicatrices d’hier seront traitées, l’héritage des sanctions sera rejeté et, ensemble, nous réaliserons la promesse de demain », a conclu al-Chaibani.
L.Arfi