New York – SANA / Le ministre des Affaires étrangères et des Expatriés, M. Asaad al-Chibani, a affirmé que la levée des sanctions imposées à la Syrie en raison des crimes du régime déchu pourrait constituer une étape décisive pour transformer la Syrie d’un pays connu pour son passé sombre en un partenaire actif et fort pour la paix, la prospérité et l’économie internationale, soulignant qu’il existe une opportunité pour le Conseil de sécurité et la communauté internationale de soutenir le peuple syrien, prêt à redéfinir l’avenir de son pays. « La Syrie a à maintes reprises déclaré son engagement à ne constituer une menace pour aucun des pays de la région et du monde », a-t-il précisé.
Voici le texte intégral du discours de M. le ministre des Affaires étrangères aujourd’hui lors d’une séance du Conseil de sécurité international pour discuter de la situation en Syrie :
« C’est un honneur pour moi de m’adresser à vous en ce jour historique, le jour où, quelques instants avant mon discours, le drapeau représentant la nouvelle Syrie, la Syrie de la liberté et de la dignité, a été hissé sur le mât de l’ONU aux côtés de 193 pays de nos partenaires dans la communauté internationale. Je félicite tous les Syriens et Syriennes pour ce moment historique ; car ce drapeau n’est pas simplement un symbole, mais une déclaration d’une nouvelle existence qui émerge des entrailles de la souffrance, incarnant un avenir qui jaillit de la fermeté et une promesse de changement après des années de douleur.
Ce jour n’est venu qu’après d’énormes sacrifices et un parcours de sang et de larmes ; des centaines de milliers ont été tués, disparus, et leurs traces se sont évaporées dans les prisons du régime al-Assad. Ce jour leur appartient autant qu’à nous. Nous ne les oublierons jamais, et nous continuerons à travailler sans relâche pour obtenir la paix et la justice pour eux, leurs familles, leurs proches et tous ceux qui ont rêvé d’un jour comme celui-ci.
Pendant des décennies, l’histoire de la Syrie a été liée à la cruauté du régime al-Assad. Sous son règne répressif, le pays a sombré dans l’obscurité. Les citoyens ont été tués, torturés et soumis à des disparitions systématiques, des armes chimiques ont été utilisées, des millions ont été déplacés, et des générations se sont brisées sous le poids de la douleur et de la perte. Les actions du régime n’ont pas seulement causé des tragédies humaines profondes au peuple syrien, mais ont également permis à des forces déstabilisatrices de s’enraciner dans notre terre. Sous le régime al-Assad, notre terre est devenue un terrain fertile pour la production de drogues, un refuge pour des milices étrangères et des groupes terroristes qui y ont trouvé un pied-à-terre, aggravant notre souffrance et celle de toute la région. Les politiques brutales de cette époque ont approfondi les divisions et ont forcé des familles entières à fuir, laissant derrière elles leurs maisons et leurs rêves, qui se sont transformés en cendres dans les flammes de la guerre. Cependant, je suis ici aujourd’hui pour représenter la nouvelle Syrie.
Après la chute du régime al-Assad et en très peu de temps, en juste un peu plus de quatre mois après 14 années de guerre du régime contre son peuple et 54 ans d’oppression, la Syrie a enfin commencé à respirer, ouvrant ses portes au monde. Des présidents, des ministres des Affaires étrangères et des personnalités internationales y sont arrivés. Les Syriens, désormais disséminés à travers le monde, explorent la possibilité de retourner au pays avec l’espoir de contribuer à sa reconstruction. Pour la première fois, les grandes organisations internationales et les institutions des droits de l’homme des Nations Unies ont obtenu un accès concret à nos terres, ce que le régime déchu a systématiquement refusé dans le passé ».
L’époque de l’effusion de sang systématique, des arrestations arbitraires, des disparitions forcées et de l’impunité est révolue. Les avions lancent des fleurs au lieu de barils explosifs, comme vous l’avez vu lors de la fête de la révolution il y a quelques semaines. Nous avons également pris des mesures décisives contre l’exportation de drogue qui menaçait notre région, grâce aux efforts considérables de nos agences de sécurité qui luttent également jour et nuit contre le réseau terroriste « Daech ». Nous sommes en coordination et en préparation continues avec les pays de la région et du monde pour faire face à ces menaces.
Concernant les armes chimiques, qui représentent une tache noire dans l’histoire du régime al-Assad et l’incapacité de la communauté internationale, notre coopération constructive avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques sur le terrain se manifeste. Nos actions correspondent à nos paroles, et nous sommes en coordination continue avec les États concernés, tout en demandant un soutien intensifié à cet égard.
Au cours des quatre derniers mois, par une coopération sans précédent, les Syriens et Syriennes ont accompli l’impossible. Le gouvernement intérimaire a maintenu les institutions de l’État et les a empêchées de s’effondrer. Aujourd’hui, nous avons réussi à intégrer la compétence, l’habileté et la diversité syrienne dans un gouvernement de transition qui a été favorablement accueilli à l’unanimité dans la résolution du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies le mois dernier. Nous avons également unifié les factions militaires, mettant ainsi fin à l’ère des factions par leur dissolution complète et sans exception. Nous avons commencé des démarches constitutionnelles vers une véritable réforme, et nous avons lancé un dialogue national où, pour la première fois, environ 1000 Syriens se sont réunis au palais présidentiel pour discuter des questions qui touchent l’avenir de la Syrie.
Lors des événements tragiques survenus sur la côte syrienne en mars dernier, les vestiges du régime ont tenté de provoquer une guerre civile en commettant des massacres horribles contre de nombreux agents de sécurité et civils. Nous avons subi ces attaques jusqu’à hier, visant à susciter des réactions confessionnelles, mais nous avons mis en place un comité pour la paix civile et une commission d’établissement des faits pour tenir responsables les violeurs des droits et les complices, en soutien aux recommandations du Conseil de sécurité. Nous avons envoyé de l’aide humanitaire aux civils à la base de Hmeimim, et nous sommes prêts à garantir tous les engagements pour leur retour prochain chez eux.
Nous allons également bientôt annoncer une autorité de justice transitionnelle et une autorité pour les Syriens disparus. Nous sommes également prêts à une pleine coordination avec les États-Unis pour rechercher les Américains disparus, et nous annoncerons des mesures sérieuses pour former un parlement national qui représente le peuple syrien. La Syrie aujourd’hui appartient à tous ses citoyens, à ceux dont les voix ont été muselées sous le règne d’al-Assad et qui expriment aujourd’hui librement leurs opinions, aux Syriens qui ont été contraints de quitter leurs foyers et qui peuvent aujourd’hui y retourner.
Au cours de ces quatre mois, les musulmans en Syrie ont célébré l’Aïd al-Fitr, les chrétiens ont célébré les Pâques dans les églises en paix, et certains Juifs syriens sont rentrés chez eux pour la première fois et ont visité leurs temples. Pour la première fois, il y avait un leader kurde à Damas, grâce à l’intervention des États-Unis, qui pave la voie avec le président vers une Syrie qui respecte sa diversité ethnique et culturelle, principe expressément mentionné dans la déclaration constitutionnelle.
Oui, la Syrie est diverse, mais elle n’est pas divisée entre majorité et minorité ; elle est un pays pour tous les Syriens forts et optimistes qui travaillent ensemble pour construire le futur dont nous a été un jour privé. Aujourd’hui, ce futur est possible et réalisable. Cependant, alors que nous entrons dans cette nouvelle ère, de grands défis continuent de nous menacer, tout comme vous. Nous avons affirmé que les Syriens sont égaux devant la loi en droits et en devoirs, sans tenir compte de leurs arrière-plans religieux ou ethniques. Alors que la Syrie a ouvert ses portes aux pays et a donné de l’espoir à son peuple de retour, le fardeau des sanctions qui menace notre stabilité persiste. Lorsque les organisations internationales et les entreprises investissent dans notre économie et sa reconstruction, ces sanctions périmées constituent un obstacle à cela. Ces mesures conventionnelles imposées au régime déchu empêchent les capitaux et les compétences d’entrer, tout en permettant aux réseaux illicites de prospérer.
Il semble que ceux qui bénéficient de travail en ombre et en clandestinité, souvent liés à des organisations extrémistes ou terroristes, sont ceux qui tirent réellement profit de la poursuite de ces sanctions. Cela renforce également les récits extrémistes qui s’opposent à l’ouverture internationale, intimident les investissements, et laissent les Syriens désireux de retourner incapables de le faire, tout en rendant ceux qui restent en Syrie incertains quant à leurs perspectives de vie dans leur pays. Ceux qui demandent davantage de Syrie sont les mêmes qui insistent pour maintenir de nombreuses sanctions contre elle.
Ces sanctions forcent la Syrie à jouer un rôle d’assisté, au lieu d’être un partenaire dans la croissance économique mondiale. Elles entravent également le bon fonctionnement des organisations internationales et de la société civile, et limitent notre capacité à mettre en œuvre la justice transitionnelle et à garantir la sécurité.
La levée des sanctions peut être une étape décisive pour transformer la Syrie, d’un pays connu pour son passé sombre, en un partenaire actif et fort pour la paix, la prospérité et l’économie internationale. La stabilité de la Syrie ne concerne pas seulement nous, Syriens, mais elle affecte également la stabilité de toute la région. Ici, je dois souligner un autre facteur qui perturbe cette stabilité : les agressions israéliennes contre le territoire syrien. Ces actes ne représentent pas seulement une violente transgression du droit international et de la souveraineté de la Syrie, mais également une menace directe pour la stabilité régionale.
L’agression continue perturbe nos efforts de reconstruction et sape la paix et la sécurité que nous cherchons à établir. Nous réclamons au Conseil de sécurité d’exercer des pressions sur Israël pour qu’il se retire de la Syrie et applique l’accord de séparation des forces de 1974. Nous avons réaffirmé à plusieurs reprises notre engagement à ce que la Syrie ne constitue pas une menace pour aucun des pays de la région ou du monde, y compris pour Israël.
J’exprime ma sincère gratitude aux gouvernements qui ont été à nos côtés au fil des ans, ainsi qu’à ceux qui, ces derniers mois, ont pris des mesures pour soutenir le peuple syrien courageux. J’apprécie les pays qui ont commencé à lever les sanctions et à rouvrir leurs ambassades, ainsi que ceux qui reconnaissent ce qui est en jeu dans le succès ou l’échec de la Syrie.
Saisissons ce moment décisif. Ce Conseil et l’ensemble de la communauté internationale ont l’opportunité de soutenir l’avenir de la Syrie. Les Syriens et Syriennes sont prêts à redéfinir l’avenir de leur pays et à établir un nouveau modèle de transformation réussie après un conflit n’importe où dans le monde. Nous espérons que vous serez nos partenaires sur cette voie.
A.Ch.